Prix Impact—
Lauréat du prix Connexion 2023 : Andrew Martindale
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La carrière d’Andrew Martindale est fondée sur l’établissement de liens. Quand M. Martindale a été invité en 1994 à faire un doctorat, il a pris l’initiative de traverser le pays pour demander aux communautés autochtones de la côte de la Colombie-Britannique l’autorisation de pénétrer sur leur territoire pour mener des recherches sur leur histoire.
« Il me semblait contraire à l’éthique d’effectuer mon travail sans demander la permission des communautés autochtones et tisser des liens avec elles, déclare-t-il. Étonnamment, cette façon de faire était inhabituelle à l’époque. »
Archéologue-anthropologue depuis 30 ans, M. Martindale se souvient d’avoir rencontré les chefs et les matriarches des neuf tribus des Tsimshians de la côte, qui lui ont donné leur accord, à une condition : il pouvait venir, mais il ne pouvait pas repartir.
« À l’époque, je ne comprenais pas que par cette condition ils me disaient que ma prétention n’avait aucun fondement, explique-t-il. Je ne comprendrai jamais complètement leur terre et leur histoire, mais avec le temps, je pourrais comprendre les paramètres de mon ignorance et me rendre utile. »
Fidèle à cet accord, Andrew Martindale a axé sa carrière sur l’érudition en tant que coproducteur de connaissances par le biais de partenariats avec les communautés autochtones.
« Je n’ai jamais travaillé de façon isolée. Bien que ce prix soit un honneur pour moi, la reconnaissance appartient à un grand nombre de personnes, en particulier à un grand nombre de dépositaires des connaissances autochtones qui ne sont pas actuellement admissibles aux prix du CRSH », précise-t-il.
Professeur au Département d’anthropologie de l’University of British Columbia, M. Martindale étudie l’histoire des peuples autochtones de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord. Aidé de ses collègues, il a mis au point de nouvelles méthodes d’échantillonnage des archives archéologiques et de rectification des dates de radiocarbone, explorant la gestion des ressources et démêlant les séquences architecturales de l’histoire autochtone. Mais surtout, il a exploré les liens entre les archives matérielles de l’archéologie et les archives orales des populations autochtones.
Les recherches qui ont découlées de ses travaux ont démontré l’exactitude historique des archives orales autochtones. Bien que les communautés autochtones n'aient pas besoin de cette confirmation, celle-ci sert leurs intérêts dans la lutte contre les incursions coloniales sur leurs droits. Ces recherches ont été présentées dans le cadre d’affaires judiciaires au Canada, dont les affaires Bande indienne des Lax Kw’alaams c. Canada (2008) et Reece c. Canada (2022). M. Martindale a poussé le droit canadien à mieux comprendre les documents matériels et oraux et à reconnaître l’existence de systèmes juridiques autochtones.
Néanmoins, jusqu’à récemment, les recherches comme les siennes n’étaient pas largement reconnues ou célébrées. Toutefois M. Martindale fait remarquer que cela a changé, il y a deux ans, quand la Première Nation Tk’emlúps te Secwepemc a annoncé la découverte de plus de 200 tombes anonymes sur le terrain de l’ancien pensionnat indien de Kamloops. Si cette découverte a choqué beaucoup de monde aux pays, elle n’a pas surpris les personnes qui, comme M. Martindale, travaillaient discrètement avec les survivantes et survivants et leurs communautés dans l’espoir de retrouver des enfants disparus. Représenté par le groupe de travail de l'Association canadienne d'archéologie sur les sépultures non marquées, leur équipe a été une source essentielle de conseils et de soutien pour les communautés.
« Ces communautés, et en particulier les survivantes et survivants qui les composent, portent un grand poids pour le bénéfice collectif. J’espère pouvoir contribuer à alléger leur charge », explique M. Martindale qui est membre du Comité consultatif national sur les enfants disparus des pensionnats et les sépultures non marquées.
L’attention et les éloges qu’il reçoit à l’échelle nationale, notamment grâce à l’obtention du prix Connexion, suscitent chez M. Martindale des sentiments contradictoires et complexes. « J’explore une histoire que les non Autochtones ont consciemment tenté d’éviter, voire d’effacer, souligne-t-il. Je travaille dans un contexte de violence et de traumatisme profonds et continus. Je me sens reconnaissant et honoré que l’on pense que je fais du bon travail. Mais je suis sur une voie inhabituelle, que je n’emprunte pas seul. J’ai demandé au comité des aînées et aînés de Spune’luxutth (Penelakut), avec lequel je travaille, d’utiliser les fonds qui accompagnent ce prix pour retrouver les enfants disparus du pensionnat indien industriel de l’île Kuper. »
Andrew Martindale s’efforce d’ancrer sa philosophie de partenariat dans le respect mutuel et l’équité avec les communautés autochtones. Il considère les personnes avec lesquelles il collabore comme des amies, amis, collègues, enseignantes et enseignants. « Je suis un invité sur leurs terres et j’essaie de m’y comporter de façon convenable et respectueuse, précise-t-il. Les non Autochtones, qui sont souvent mal informés sur les réalités de l’inégalité structurellement implantée au Canada, constituent un public important pour cette recherche. »
Conscient de la manière dont le racisme et le colonialisme ont favorisé son parcours professionnel alors que les peuples autochtones et d’autres peuples marginalisés ont été confrontés à des obstacles systémiques, M. Martindale s’est engagé à soutenir la prochaine génération de chercheures et chercheurs, dont Kisha Supernant, une universitaire autochtone de renommée mondiale basée à l’University of Alberta, fait partie.
Monsieur Martindale forme également les membres de la communauté autochtone aux pratiques archéologiques. En 2022, il a mis au point, avec l’aide de la bande indienne Musqueam, un cours axé sur la communauté à l'intention des équipes de recherche sur le terrain qui travaillent dans le contexte des pensionnats autochtones. Offert la même année, ce cours devrait être étoffé en 2024.
Pour l’avenir, M. Martindale espère que les efforts auxquels il a participé pour « dégager la vérité » auront un impact positif sur le Canada.
« Nous ne sommes pas le Canada que l’on m’a fait connaître lorsque j’étais petit, affirme-t-il. Mais, en comprenant la vérité de notre histoire, nous pourrions devenir le pays que nous croyions être. Peut-être alors pourrons-nous procéder à la réconciliation avec l’aide des leaders autochtones et devenir ce pays. »
Au sujet des prix Impacts
Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.
Le prix Connexion souligne la réalisation d’une initiative remarquable financée par le CRSH qui vise à faciliter la transmission et l’échange de connaissances émanant de la recherche au sein ou à l’extérieur du milieu de la recherche en sciences humaines.
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