Au carrefour des limites planétaires et de l’économie circulaire
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Le projet
D’une part, il y a les limites planétaires : neuf grands processus terrestres qui définissent un espace de fonctionnement sûr pour l’humanité et qui régulent la stabilité des systèmes qui permettent la vie sur Terre. Leur application à l’échelle locale et régionale est toutefois freinée en raison de la nature planétaire et interactive de ces limites et du fait que le concept même soit extrêmement général et fondé sur des données scientifiques probantes. D’autre part, l’économie circulaire s’est imposée comme un concept générique visant à englober et à relier des expériences et des champs de connaissances distincts sous la bannière de l’utilisation efficiente des ressources et de la réduction des impacts environnementaux. Or, la capacité de l’économie circulaire de créer les conditions requises pour satisfaire les besoins humains dans le respect des limites de la planète est loin d’être prouvée.
Le rapport de synthèse des connaissances aborde ce double enjeu sur un plan conceptuel à partir de trois sous-objectifs : 1) définir et évaluer les limites planétaires; 2) définir et évaluer le concept d’économie circulaire et les discours qui l’accompagnent; 3) définir et évaluer où se situent actuellement les limites planétaires et l’économie circulaire et où des recoupements seraient souhaitables (les intersections). L’équipe a examiné les articles pertinents publiés dans des revues internationales à comité de lecture de 2010 à 2019. Ses constatations l’ont aidée à cerner et à conceptualiser les corrélations entre économie circulaire et limites planétaires en s’appuyant sur des considérations théoriques ainsi que sur plusieurs sphères de connaissances, en vue d’orienter les responsables des politiques, les gouvernements et les entreprises vers une gestion cohérente des ressources naturelles.
Les principales constatations
- De plus en plus de projets de recherche portent sur la transposition et la promotion de l’applicabilité des limites planétaires en s’intéressant explicitement aux dimensions humaines des aspects biogéophysiques mis à contribution dans les processus relatifs aux limites. Ces travaux sont importants si la mise en application du concept de limites planétaires vise à influencer la prise de décision et l’envergure des mesures ainsi que les chaînes de valeur.
- Il faut davantage de recherches interdisciplinaires portant sur les difficultés pratiques et politiques liées à l’imposition du concept de limites planétaires, notamment les compromis perçus entre la société et l’environnement ainsi qu’entre l’essor économique et le développement environnemental et (ou) social durable.
- Des implications socio-politico-économiques de la circularité des matières, abordées pendant les années 1960, est né un nouveau discours sur l’économie circulaire, plus diversifié, qui aborde de façon tour à tour globale ou segmentée les aspects sociaux, économiques, environnementaux et politiques pertinents, et avec optimisme ou scepticisme la capacité qu’a l’innovation technologique de prévenir un effondrement écologique. Ces travaux sont importants pour poser les jalons de la mise en œuvre de la circularité.
- L’élaboration du discours de l’économie circulaire précise le concept, mais pourrait complexifier la mesure de ses impacts à l’échelle locale et, encore davantage, à l’échelle planétaire.
- Il faut faire d’autres recherches sur 1) les méthodes et les normes servant à définir les limites de la planète (limites planétaires); 2) la quantification et la répartition du capital ressources disponible, ce qui comprend des approches de partage équitable (limites planétaires-économie circulaire); 3) des façons de garantir le respect des limites planétaires et de suivre de près les objectifs au moyen d’instruments à la fois efficaces et politiquement acceptables (économie circulaire).
- Il faut adapter les limites planétaires aux actions locales – chaîne de valeur, territoires, entreprises utiles à l’action collective de l’économie circulaire – dans le but de favoriser l’applicabilité et de se rapprocher des propositions de l’économie circulaire. Il faut perfectionner davantage les outils d’évaluation de l’économie circulaire afin de mesurer les effets conjugués des mesures d’économie circulaire sur les limites planétaires pour opérer une transition efficace et efficiente à la circularité tout en respectant ces limites.
Ce que cela suppose pour les politiques
- Il faut relier l’élaboration de politiques ayant trait à la circularité à leurs postulats sur le discours de la circularité, en allant au-delà de l’élaboration de politiques centrées sur les technologies et en tenant compte des tendances, des solutions et des stratégies en matière de consommation.
- Une consommation accrue de matières se traduit inévitablement par davantage de déchets à gérer. Les systèmes circulaires requièrent davantage de travail et d’énergie pour fonctionner et, vu l’interdépendance croissante entre énergie et matières, les politiques devraient stimuler à la fois l’économie des services et les technologies des énergies vertes.
- Les responsables des politiques doivent déterminer la voie, les jalons et les modalités qui s’appliquent aux recommandations en matière d’économie circulaire dans le respect des limites planétaires.
- Les politiques doivent être préventives et axées sur la suffisance des moyens matériels; en ce sens, elles doivent stimuler l’innovation technologique pour prévenir la production de déchets et la consommation de ressources.
Complément d’information
Rapport intégral (en anglais)
Coordonnées des chercheurs
Emmanuel Raufflet, professeur titulaire et responsable du D.E.S.S. en gestion et développement durable, HEC Montréal emmanuel.raufflet@hec.ca
Geoffrey Lonca, chercheur postdoctoral, Département de management, et chargé de cours, Département de gestion des opérations et de la logistique, HEC Montréal geoffrey.lonca@hec.ca
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