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Y a-t-il trop d'êtres humains sur la planète? – Les ressources mondiales sont déjà surexploitées, et la population ne cesse d'augmenter. Alerte rouge!

Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 09:30:18

« La Terre ne pourrait pas soutenir 10 milliards de Canadiens », lance d’entrée de jeu le géographe Rodolphe De Koninck, professeur à l’Université de Montréal. « Même avec la population d’aujourd’hui, soit environ 6,7 milliards de personnes, il n’y aurait plus de planète d’ici quelques années si tous les êtres humains consommaient les ressources au rythme des Canadiens ou des Américains. » Pour survivre, 10 milliards d’êtres humains devraient consommer en moyenne deux fois moins que nous aujourd’hui.

Spécialiste de l’Asie du Sud-Est et des questions agricoles, De Koninck est catégorique : nous consommons présentement plus que ce que permettent les cycles de reproduction des ressources. À l’heure actuelle, la consommation des ressources planétaires d’un Canadien et d’un Américain est en moyenne respectivement quatre et cinq fois supérieure à celle d’un Chinois. Selon le géographe, il est clair que nous, les Nord-Américains, laissons une empreinte écologique qui pèse trop lourdement sur l’avenir de la Terre. Plus fondamentalement, nous donnons le mauvais exemple. Le problème n’est pas la « bombe » démographique, mais plutôt la « bombe » écologique, c’est-à-dire la façon dont nous utilisons les ressources : eau, énergie, matières premières, terres agricoles, etc.

« L’économie mondiale est dominée par deux grandes industries : celle de l’automobile et celle du pétrole. Or, ces deux industries absorbent les ressources naturelles à une cadence insoutenable, hypothéquant littéralement la biosphère. » Statistique Canada nous rappelait, en janvier dernier, que nous sommes un peu beaucoup accros à l’auto. L’énergie verte? « C’est une vaste fumisterie, soutient De Koninck. C’est un non-sens de vouloir détourner les ressources agricoles mondiales vers la production énergétique, d’autant plus que cela nous permet d’éviter de faire face au vrai problème : il y a ou il y aura bientôt trop de véhicules sur la planète. » Le chercheur croit cependant que la transformation des déchets, forestiers et agricoles entre autres, constitue une voie énergétique intéressante, mais pas nécessairement pour les automobiles.

De Koninck avoue être pessimiste quand il voit se multiplier tous ces « chars d’assaut personnels », les gros véhicules tout-terrains qui encombrent inutilement les rues de nos villes. Le lancement de la petite Nano par le constructeur automobile indien Tata n’est pas une bonne nouvelle non plus. Grâce à son prix modique, elle risque entre autres de congestionner davantage les rues des pays pauvres ou en émergence – où règne déjà le chaos en raison de la multiplication des motos – et de contribuer massivement à l’émission de gaz à effet de serre.

Que faire alors? « Il faut investir massivement dans l’éducation. Non seulement suggérer aux gens quels gestes ils doivent poser, mais aussi et surtout leur expliquer les raisons qui motivent ces choix. » De Koninck croit en l’efficacité du transport en commun et fonde de grands espoirs sur les jeunes. « Tous les jours, je vois des jeunes qui ont compris que nous ne pouvons continuer à dilapider les ressources de cette façon. » Il reste à espérer que ces jeunes Canadiens sauront convaincre leurs compatriotes afin que le Canada joue un rôle de leader dans ce changement d’orientation essentiel à la survie de la planète.

Rodolphe De Koninck a été subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines dans le cadre du programme des Grands travaux de recherche concertée et du Programme de subventions ordinaires de recherche.

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