De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2013-04-29 12:00:00
La nature rend de précieux services à la collectivité. Elle filtre l’eau, absorbe le gaz carbonique et d’autres polluants, rafraîchit les villes… Elle nous alimente, nous soigne, nous procure des matériaux… Par la biodiversité qu’elle abrite, la nature contribue également, et tout simplement, à notre qualité de vie. Mais comment pourrait-on chiffrer le tout? Quelle valeur économique pourrait-on accorder aux milieux naturels et aux terres agricoles? Actuellement, le bien-être et la qualité de vie qu’apporte la nature ne sont pas pris en compte dans l’économie.
« Accorder une valeur économique aux services que nous rend la nature permet de poser un nouveau regard sur l’évaluation foncière », explique Jérôme Dupras, étudiant au doctorat en géographie à l’Université de Montréal. Il étudie le sujet sur trois fronts : l’apport économique des bonnes pratiques agricoles; la volonté des citoyens de payer pour la conservation; leur volonté de payer aussi pour la restauration de milieux humides.
Ce travail colossal a permis de quantifier la valeur de la ceinture verte de Montréal, un vaste territoire de 1,7 million d’hectares. M. Dupras a centré son analyse sur neuf services rendus par les espaces naturels. Résultat : l’apport économique de cette zone se chiffre à 4,3 milliards de dollars par année, dont environ 75 % provient de la régulation du climat, des loisirs, du tourisme et de l’habitat pour la biodiversité. L’approvisionnement en eau, la régularisation des crues et la prévention des inondations ainsi que la pollinisation et le contrôle de l’érosion contribuent aussi de façon significative à ce tableau économique de la nature.
« L’objectif n’est pas de fixer un prix à la nature, précise Jérôme Dupras, mais plutôt d’intégrer cette évaluation économique dans les outils de gestion du territoire. »
Ainsi, cette valeur économique pourrait servir de base à un système de compensation et de paiements pour services écosystémiques rendus. Par exemple, une municipalité pourrait recevoir un paiement en provenance des paliers de gouvernement supérieurs parce qu’elle protège une certaine superficie de milieux naturels, contribuant ainsi au mieux-être de la population en général.
« Il ne faut pas mettre en opposition conservation et développement, croit Jérôme Dupras. La fiscalité verte est un moyen de marier les deux. Elle nous invite aussi à ouvrir nos œillères économiques envers les services que nous rend la nature. »
À l’heure où les municipalités canadiennes répètent les appels en faveur de nouvelles bases de financement, cette « fiscalité verte », qui intègre la valeur économique des espaces naturels, ouvre de belles pistes de réflexion.
Recherche financée par le CRSH : L’évaluation de la valeur économique des biens et services écologiques de territoires agricole et protégé au Québec