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Nous sommes complètement dépassés par la situation – Thomas Homer-Dixon nous avertit que nous ne possédons pas l'ingéniosité nécessaire pour résoudre nos problèmes sociaux de plus en plus complexes

Date de publication : | Date de modification : 2006-04-18 09:18:57

Les problèmes auxquels notre société fait face ne sont pas éloignés. Ils sont là et doivent être abordés immédiatement ou ils auront de graves conséquences au cours des prochaines décennies, nous prévient Thomas Homer-Dixon, professeur à l'University of Toronto.

Comme beaucoup de gens aujourd'hui, il trouve que nos politiciens et autres « experts » ne comprennent pas vraiment la gravité des événements mondiaux, et que par conséquent, nous avons libéré des forces qui ne sont ni gérées, ni gérables.

« Le changement technologique prend une avance fulgurante dans de nombreux domaines, que ce soit les ordinateurs personnels ou les armes légères utilisées par les rebelles et les terroristes. Ceci laisse souvent nos institutions sociales et nos politiques loin derrière », déclare-t-il. « Ce décalage qui existe entre les changements technologiques et les changements sociaux peut entraîner de dangereuses instabilités politiques et économiques. »

Il s'agit de l'écart de l'ingéniosité, c'est-à-dire, l'écart qui existe entre notre besoin de trouver des idées pratiques et novatrices pour résoudre des problèmes complexes et notre réserve réelle d'idées.

Alors que l'écart se creuse, il en résulte une disparité politique et un violent bouleversement qui touche notre vie quotidienne, parfois de façon subtile et imprévue, et d'autres fois de façon effrayante, comme les événements du 11 septembre 2001.

« Les problèmes que nos sociétés doivent aborder — des épidémies de tuberculose et de sida à l'instabilité financière internationale et au changement climatique — deviennent, en général, de plus en plus difficiles à résoudre », déclare M. Homer-Dixon. « Nous avons terriblement besoin de connaissances poussées en sciences sociales pour gérer nos affaires dans un monde de plus en plus complexe et imprévisible. Le CRSH joue un rôle capital pour combler ce besoin au Canada. »

Dans son livre, The Ingenuity Gap (Prix littéraire du Gouverneur général de 2001 pour les études et essais), Thomas Homer-Dixon souligne les problèmes qu'affronte notre société et propose quelques idées pour engager le débat. Il est le premier à admettre qu'il ne possède pas les solutions, mais il offre un point de départ.

« Je n'ai pas de liste de réponses à nos problèmes, mais je suis persuadé que nous devons commencer en prenant une mesure énergique pour pallier cette tendance vers l'éclatement de l'expérience humaine et de notre identité partagée », dit-il. « En effet, nos expériences individuelles quotidiennes et notre identité collective sont étroitement liées. »

À la suite des attaques du World Trade Centre et du Pentagone, il n'est plus besoin de souligner que le danger est réel et immédiat. Malgré nos avancées dans les domaines de la technologie, des communications et du transport, le déséquilibre des richesses et des possibilités entre les nations n'a jamais été aussi grand, et se traduit par une blessure qui s'aggrave jusqu'à ce que la colère se fasse sentir par des générations entières de personnes défavorisées.

« Si la vie quotidienne des gens du monde entier se ressemble sous certains aspects et si nous retenons quelques points communs de l'expérience individuelle, alors nous avons une base pour créer l'empathie. À partir de l'empathie nous pouvons bâtir une communauté. »

Bien que Thomas Homer-Dixon soit convaincu qu'il est encore temps de faire appel à l'ingéniosité et à la volonté dont nous avons besoin, il est un peu tard, et nous avons un long chemin à parcourir.

« Lorsqu'en l'an 2100 nous regarderons en arrière, nous verrons une période durant laquelle nos créations technologiques, sociales et écologiques dépassaient notre compréhension et durant laquelle nous avons perdu le contrôle de notre destinée », dit-il. « Alors nous nous dirons : si seulement... Si seulement nous avions eu l'ingéniosité et la volonté de choisir un autre chemin. »

Thomas Homer-Dixon est professeur agrégé dans le département des sciences politiques de l'University of Toronto et directeur du Centre for the Study of Peace and Conflict. Il a reçu des subventions du CRSH pour effectuer ses travaux d'études supérieures.

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