De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : 2016-07-20 14:30:00 | Date de modification : 2016-07-20 14:30:00
Pourquoi le Japon, un pays dont le pouvoir économique est considérable, consacre-t-il si peu de ressources à ses forces armées et à la défense de son territoire? Voilà une question qui déconcerte les experts en relations internationales depuis nombre d’années. Nick Anderson, qui s’emploie à élucider ce mystère, croit que la réponse comporte deux volets : l’un a trait à l’importance des menaces directes à la sécurité du Japon, et l’autre, à l’importance de la présence militaire américaine en territoire japonais.
Il semble que l’affectation des ressources est à géométrie variable : lorsque les menaces sont grandes et que la participation américaine est faible, le Japon consacre plus d’argent à la défense. Mais lorsque l’aide américaine est élevée, quelle que soit l’importance de la menace dans l’immédiat, le Japon est peu incité à augmenter et à déployer ses troupes.
Subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le chercheur Nick Anderson vient de publier ses constatations dans un article intitulé "Anarchic Threats and Hegemonic Assurances: Japan’s Security Production in the Postwar Era". Dans cet article, M. Anderson met de l’avant des idées qui vont à l’encontre de ce que pensent la majorité des spécialistes, à savoir que c’est parce qu’il est pacifiste que le Japon n’affecte guère de ressources à ses forces armées. Ayant examiné les dépenses que le Japon a consacrées à ce secteur ainsi que ses politiques de défense depuis la Seconde Guerre mondiale, M. Anderson est porté à croire que la politique du Japon en matière de sécurité est guidée à la fois par les menaces extérieures et par les garanties que lui fournit son allié.
« Cela semble plutôt intuitif, mais, croyez-le ou non, c’est un argument assez radical dans le contexte japonais », dit-il.
Au vu de l’importance économique et politique de plus en plus grande que revêt la région Asie-Pacifique sur la scène internationale, il est essentiel, estime M. Anderson, que le monde comprenne mieux ce qu’il en est.
« Compte tenu du fait que le Japon est la deuxième puissance économique de l’Asie et qu’il procède actuellement à d’importantes réformes de sa politique militaire, je pense que le milieu universitaire et celui des politiques ont grandement besoin d’autres travaux de recherche de ce genre », d’affirmer M. Anderson.
Il pense en outre que ce modèle qui repose, sur les menaces et les garanties, n’est pas l’apanage du Japon. D’autres pays, en Asie de l’Est, en Europe et ailleurs, abordent leur politique de sécurité de manière similaire.
Ses constatations ont suscité des réactions positives. Des spécialistes du Canada, des États-Unis et du Japon lui ont transmis des suggestions utiles. Il espère, quant à lui, que ses recherches et ses conclusions aideront les gouvernements occidentaux à façonner leur politique étrangère.
« En ce qui concerne le Japon, je recommanderais fortement de résister à la tentation de se concentrer immédiatement sur les dirigeants, le premier ministre par exemple, pour tenter d’expliquer pourquoi le Japon apporte des changements à sa politique en matière de sécurité internationale. Comme le montrent mes travaux, des forces d’une portée beaucoup plus vaste sont habituellement à l’œuvre. »
Nick Anderson, qui a reçu une bourse de doctorat du CRSH, étudie les relations internationales au département des sciences politiques de la Yale University. Originaire de Montréal, il a grandi à Vancouver et a vécu au Japon.
Site Web de Nick Anderson (en anglais)