De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2006-04-13 10:18:34
En 2000, il y a eu 542 homicides, 43 000 voies de fait graves et 14 000 incendies criminels au Canada. Plus de 60 000 personnes ont souffert de crises cardiaques et près de 3 000 sont morts sur les routes.
Toutefois, derrière ces chiffres se cache une autre statistique moins connue. Au nombre des ambulanciers paramédicaux, des pompiers et des policiers qui ont répondu à ces crises, un sur quatre a souffert de stress post-traumatique aigu, voire grave. Pourtant, ils ont continué à travailler.
Cheryl Regehr, professeure agrégée dans le domaine du travail social à l’University of Toronto, explique qu’il n’est pas rare pour les intervenants en cas d'urgence de présenter des symptômes de stress post-traumatique à la suite d’un événement extrêmement pénible.
« Ces personnes sont témoins de beaucoup de souffrance et de violence », explique-t-elle. « Ils sont exposés à une énorme quantité de sang, mais la plupart le gère très bien. »
Ce qui trouble Mme Regehr, ce sont les cas sévères de stress post-traumatique qu’elle observe chez les intervenants dont les actions font l’objet d’enquêtes publiques, à la suite d’événements très médiatisés, comme le meurtre d’un policier ou un incendie catastrophique.
« J’ai découvert que les cas de stress post-traumatique étaient considérablement plus nombreux chez les intervenants en cas d’urgence qui ont fait l’objet d’enquêtes publiques. Ces enquêtes peuvent durer des années, et à la fin, personne ne dit jamais que ce qu’ils ont fait était bien. En fait, souvent on conclut qu’il n’y a pas suffisamment de preuves pour dire que ce qu’ils ont fait était mauvais. »
Cette impossibilité à tirer des conclusions a un important impact sur les intervenants et l’organisation pour laquelle ils travaillent. Mme Regehr a découvert qu’à la suite d’une enquête publique, les intervenants en cas d'urgence deviennent plus prudents. Ils se disent que s’ils prennent un risque, ils pourraient sauver une vie, mais que s’ils choisissent la prudence, ils ne risquent pas de s’attirer des ennuis.
En raison des chaînes d’information continue qui détaillent chaque événement au fur et à mesure qu’ils se produisent, le nombre d’enquêtes publiques au Canada a incroyablement augmenté au cours de la dernière décennie. Cheryl Regehr souligne l’importance de la responsabilité. Ses travaux de recherche soulèvent des questions plus importantes sur la manière dont ces condamnations publiques touchent les équipes d'intervention d'urgence.
« En tant que société, nous devons penser au but de ces enquêtes. Actuellement, elles font augmenter les coûts des services d’urgence et poussent les intervenants à être plus stressés et prudents. Cela pourrait mener à une moins bonne qualité des services et augmenter le risque pour la sécurité publique. »
En tant que codirectrice des services cliniques de la Critical Incident Stress Team à l’aéroport international Pearson de Toronto, Cheryl Regehr applique ses travaux de recherche sur le stress post-traumatique chez les intervenants en cas d'urgence à des situations réelles.