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La génération « et maintenant? » – Les jeunes, le travail et la zone grise entre les deux

Date de publication : 2016-12-19 09:00:00 | Date de modification : 2016-12-19 09:00:00

L’image qu’ont la plupart des Canadiens du Canada atlantique rural est digne d’une carte postale : de vastes espaces parsemés de structures en bois de différentes couleurs et des falaises qui surplombent majestueusement l’océan. De toute évidence, le rêve de tout touriste. Toutefois, les personnes qui y habitent et jouissent de ce paysage parfait ont un défi sociétal sérieux à relever dans l’immédiat.

Le vieillissement de la population, conjugué au déclin des types d’investissements et d’industries qui dominaient au 20e siècle, a donné lieu à la détérioration des infrastructures et à de l’inquiétude au sujet de l’avenir économique de la région. La solution semble claire : il faut dynamiser la croissance économique en exploitant les ressources naturelles, en stimulant les exportations et en attirant des investissements étrangers. Mais peut-être ne l’est-elle pas tant que cela…

Une chercheure du Canada atlantique financée par le CRSH se demande si la décroissance ne serait pas la voie de l’avenir – réduire son train de vie, produire et consommer moins, partager le travail et miser sur le local, des pratiques que bon nombre de personnes ont déjà adoptées dans la région.

Karen Foster est professeure adjointe à la Dalhousie University et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’avenir durable des régions rurales du Canada atlantique. Elle pense que l’incidence sur l’environnement d’une accélération de la croissance industrielle dans la région pourrait annuler la plupart des avantages. Elle se penche donc sur des études de cas et des enquêtes régionales afin de déterminer s’il est possible d’arriver à un équilibre entre la viabilité de l’environnement à long terme et la redynamisation du Canada atlantique.

Elle examine, entre autres, si les relations que les personnes entretiennent avec le travail, la rémunération et la consommation sont affaires de génération.

L’idée d’étudier cette question lui est venue en observant deux pêcheurs, un père dans la cinquantaine et son fils dans la vingtaine, dans un café d’une localité rurale.

« Le père a eu de la difficulté à commander un café filtre, tandis que le fils a commandé avec assurance une boisson très raffinée genre macchiato. Cela m’a amenée à réfléchir aux différences de goûts – en ce qui concerne les aliments, la musique, la politique – qui sont d’ordre générationnel et à la façon dont elles peuvent façonner les trajectoires des adolescents ruraux et de leurs parents : où les jeunes vivent et travaillent, ce qu’ils font pour gagner leur vie, et si leurs parents les encouragent à quitter la région ou les en dissuadent. »

En fait, il s’est produit un phénomène qui semble avoir atteint son point culminant il y a une dizaine d’années : les jeunes du Canada atlantique partaient à l’aventure vers l’ouest, pour trouver du travail dans des villes comme Toronto ou dans les champs de pétrole de l’Alberta, et, comme ils finissaient par s’ennuyer de la cohésion sociale qu’ils avaient connue dans leur région d’origine, nombreux sont ceux qui revenaient au Canada atlantique.

Selon Mme Foster, non seulement cette lecture des faits est-elle exacte, mais l’« exode » demeure une réalité encore aujourd’hui. Tant que le développement économique ne reposera pas véritablement sur les besoins et les capacités des collectivités locales, pense-t-elle, les jeunes seront à la merci de facteurs économiques sur lesquels ces collectivités n’ont aucune prise.

Le travail précaire est l’un de ces facteurs. S’il a augmenté pour l’ensemble de la population depuis la récession mondiale de 2008, il a surtout touché les jeunes (les moins de 24 ans). Le travail précaire, ce sont les emplois à temps partiel ou de courte durée, sans sécurité donc, sans avantages sociaux et n’offrant pas d’espoir réel de mener à une carrière durable. Karen Foster a étudié cette tendance et constate qu’elle se maintient.

L’« emploi à vie » est en train de disparaître, et la confiance en la possibilité d’un tel emploi disparaît encore plus rapidement, estime-t-elle.

Compte tenu du grand nombre de points de vue divergents qui existent sur l’économie, la modération et la décroissance qui caractérisent la sagesse des petites localités ne seraient-elles pas la solution que cherchent depuis longtemps les décideurs politiques et les chefs d’entreprise, très loin dans les grandes villes?

L’étude de Karen Foster a pour but de répondre à cette question.

 

 

 

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