De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : 2020-05-21 13:00:00 | Date de modification : 2020-05-21 13:00:00
Photo : Tony Charles
Durabilité de l’environnement et viabilité économique vont de pair pour les industries fondées sur les ressources naturelles. Que l’on soit travailleur forestier dans le nord de l’Ontario, exploitant agricole en Saskatchewan ou pêcheur dans une collectivité côtière, le défi est le même : la survie est tributaire d’écosystèmes sains qui assurent la présence de stocks renouvelables de ressources. Les gouvernements et les réglementations ont certes un rôle à jouer dans le maintien de ces écosystèmes, mais ce sont bien souvent les collectivités locales qui sont les véritables spécialistes quand il s’agit de conjuguer intendance de l’environnement et intendance de l’économie.
Professeur à la Saint Mary’s University et directeur du Community Conservation Research Network (CCRN), Anthony Charles s’intéresse depuis longtemps à la durabilité de l’environnement et à la viabilité économique impulsées par la collectivité. C’est le fait d’avoir été témoin de l’effondrement de la pêche à la morue alors qu’il menait des recherches dans des collectivités côtières du Canada atlantique dans les années 1990 qui a éveillé en lui cet intérêt.
Une fois les stocks de morue perdus, dit-il, les collectivités locales ont déployé des efforts considérables pour s’assurer que d’autres ressources, dont le homard, ne subiraient pas le même sort. Cela l’a énormément inspiré de voir ce que les habitants de ces collectivités ont pu accomplir en se serrant les coudes.
Le professeur Charles a constaté que toute collectivité créée autour d’une ressource naturelle, ailleurs au Canada – ou dans le monde –, faisait face à des défis semblables et pouvait avoir recours au même genre de solutions. Il a obtenu une subvention de partenariat du CRSH qui lui a permis, en 2012, de mettre sur pied le CCRN dans le but d’étudier et de soutenir le travail fait par les collectivités pour préserver l’environnement et leurs moyens de subsistance.
Le CCRN a maintenant des activités dans plusieurs pays, entre autres, au Japon, en Afrique du Sud, au Brésil et en France. Il regroupe plus de 60 chercheurs et des centaines de participants locaux qui réunissent des données et des observations sur le travail que font les collectivités pour assurer la préservation des ressources et la durabilité de l’environnement.
L’accent est vraiment mis sur la participation de la collectivité à chaque emplacement, en particulier la participation des personnes des Premières Nations et des autres partenaires autochtones. Il s’agit de cerner les bonnes pratiques et les enseignements qui peuvent être communiqués à d’autres collectivités.
Le professeur Charles cite en exemple l’île de Koh Pitak, en Thaïlande. L’industrie locale de la pêche y avait été anéantie par la pollution et la surpêche. La population s’est mobilisée pour mener des activités de remise en état et de préservation. Elle a en outre créé une industrie du tourisme axée sur la collectivité et la durabilité, afin de réduire les pressions exercées sur les stocks de poissons et de diversifier l’économie.
Ce n’est là que l’une des réussites dont on peut prendre connaissance dans le site Web du CCRN, communityconservation.net. Dans ce site, les collectivités du monde entier peuvent apprendre des difficultés et des réussites des autres et appliquer les enseignements tirés à leur propre contexte. Le site comprend des récits, des vidéos, des webinaires et d’autres ressources dont les groupes communautaires peuvent se servir à l’occasion de réunions et d’autres activités visant à soutenir leur travail et à intensifier la mobilisation à l’égard de la durabilité des ressources locales. Le contenu du site peut également inspirer les gouvernements et les artisans des politiques.
Au bout du compte, le professeur Charles espère que cela changera la perception que l’on a de la gouvernance locale. Ce projet de recherche, estime-t-il, a démontré à maintes reprises qu’en faisant participer les collectivités locales à la prise des décisions et en leur donnant la possibilité de choisir leurs propres moyens d’action, on obtenait presque toujours de bons résultats. Si tous les ordres de gouvernement pouvaient soutenir ces collectivités dans ce à quoi elles excellent, on pourrait faire passer à plus grande échelle certaines de ces expériences concluantes.
Suivez les travaux d’Anthony Charles dans le site Web du CCRN (communityconservation.net), où vous pouvez vous abonner au bulletin trimestriel CCL Digest et visionner des documentaires, notamment Sustainable Futures: Communities in Action, qui sera lancé en juin 2020.