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Décrochage électoral chez les 18-24 ans? – Les jeunes sont-ils en train d'abdiquer?

Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 12:50:53

Depuis dix ans, la participation au scrutin est en baisse au pays. D'après des données électorales canadiennes, 73 p. 100 de la population aurait exercé son droit de vote en 1993, comparativement à 67 p. 100 en 1997 et à 61 p. 100 en 2000.

André Blais, professeur à l'Université de Montréal et spécialiste en matière électorale, a étudié l'impact des campagnes menées par les partis politiques, la motivation des citoyens à se prévaloir de leur droit de vote et l'appui que ces derniers accordent à leurs institutions démocratiques. Selon M. Blais, la diminution du taux de participation de l'électorat canadien serait largement attribuable à l'abstention des plus jeunes générations.

« Par rapport aux aînés, les jeunes votent peu et de moins en moins. Aux élections tenues depuis 1993, plus de 80 p. 100 des baby-boomers se sont rendus aux urnes alors que le taux de participation des jeunes dépasse à peine les 40 p. 100 », souligne M. Blais.

La génération des nouveaux votants, soit 7 millions de personnes, manifeste peu d'intérêt pour la politique. « Les jeunes ne voient pas nécessairement le fait d'exercer leur droit de vote comme une responsabilité civique. Ils ne s'y sentent pas moralement obligés », poursuit le politologue.

On note de plus que ce sont les moins scolarisés parmi les plus jeunes qui sont les moins enclins à voter. Ces jeunes abstentionnistes sont en général très peu informés et ils ne sont pas portés à participer à d'autres mouvements ou activités. Plusieurs d'entre eux semblent avoir décroché de tout engagement social.

Dans le cadre de sa recherche financée par le CRSH, André Blais tente de comprendre d'où vient ce fossé entre les jeunes et la politique et de définir les pistes à suivre notamment pour rétablir les ponts entre cette génération et le système électoral.

En attendant, pour Élections Canada, le défi est de taille. Non seulement les 18-24 ans votent peu mais le prochain scrutin se déroulera à la fin de l'année scolaire, moment où les jeunes déménagent, retournent chez eux pour les vacances ou partent en voyage. Afin de les inciter à voter, Élections Canada a élaboré une campagne publicitaire axée sur les jeunes et leur a aménagé un espace dans son site Web. Quant aux partis politiques, ils ont mis en place des stratégies pour cibler cette tranche d'âge.

Les efforts déployés seront-ils suffisants pour augmenter le taux de participation des 18-24 ans au scrutin du 28 juin prochain? Si tel n'était pas le cas, serait-il alarmiste de croire que l'avenir de certaines de nos institutions démocratiques soit en péril?

La recherche d'André Blais sur le comportement des électeurs est financée par le programme des Grands travaux de recherche concertée du CRSH.

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