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Vers une représentation plus équitable en recherche – De nouveaux travaux confirment d’importantes contributions aux connaissances savantes du Canada

Date de publication : 2025-02-17 11:30:00 | Date de modification : 2025-02-17 11:30:00

Tameka Samuels-Jones lors de la cérémonie de remise du prix Robbins-Ollivier d’excellence en matière d’équité du Programme des chaires de recherche du Canada, Carleton University, octobre 2024.

Tameka Samuels-Jones lors de la cérémonie de remise du prix Robbins-Ollivier d’excellence en matière d’équité du Programme des chaires de recherche du Canada, Carleton University, octobre 2024.

Photo : Gouvernement du Canada

Pour les chercheuses et chercheurs en devenir qui veulent faire progresser leur carrière universitaire à l’étranger, le Canada présente de nombreux attraits. Il est reconnu pour sa stabilité sociale et ses idéaux multiculturels, et comme un endroit offrant la liberté d’étudier dans le domaine de son choix. Pourtant, les personnes noires, les Autochtones et les personnes originaires d’Amérique latine et des Caraïbes se heurtent à d’importants obstacles qui les empêchent de contribuer aux travaux de recherche. Leurs voix sont ainsi sous-représentées dans la littérature universitaire et privent le Canada de leurs précieuses perspectives.

Professeure adjointe à l’Université York et codirectrice du Centre for Research on Latin America and the Caribbean CERLAC) de l’établissement, Tameka Samuels-Jones (en anglais) cherche à éliminer ces obstacles. Soutenus par des fonds obtenus dans le cadre du prix Robbins-Ollivier d’excellence en matière d’équité de 2023 du Programme des chaires de recherche du Canada, les nouveaux travaux du Black, Indigenous and Latinx Research Laboratory (BILX-Lab) du CERLAC permettront aux chercheuses et chercheurs émergents de contribuer de façon importante aux connaissances savantes du Canada.

« Ces chercheuses et chercheurs prometteurs doivent comprendre que le problème n’est pas la valeur de leur travail, mais les défis professionnels et universitaires uniques qui se dressent devant elles et eux », explique-t-elle.

« … nous ne nous contentons pas de remédier à des injustices historiques, nous façonnons également un avenir plus inclusif et plus novateur pour le monde universitaire canadien. »

Inégalité dans la production de connaissances

Les chercheuses et chercheurs noirs, autochtones et originaires d’Amérique latine et des Caraïbes apportent souvent un éclairage culturel très riche sur la région et peuvent produire de nouvelles connaissances utiles à leur pays natal ainsi qu’au Canada. Ces recherches peuvent également soutenir les partenariats et les initiatives du Canada en Amérique latine et dans les Caraïbes, qui portent sur des domaines aussi variés que le commerce, la politique, les soins de santé et l’action en faveur du climat. Mais les étudiantes et étudiants qui viennent au Canada ont d’abord besoin des outils nécessaires pour réussir, explique Mme Samuels-Jones.

Les nouveaux chercheurs et chercheuses d’Amérique latine et des Caraïbes ont souvent du mal à supporter le coût de la vie plus élevé au Canada et ne peuvent prétendre aux bourses de recherche réservées aux personnes qui ont la citoyenneté canadienne ou la résidence permanente. Elles et ils n’ont pas les contacts qui leur permettraient de bénéficier d’un mentorat et d’autres aides à la carrière, et ne connaissent pas les pratiques, les processus et les rituels du monde universitaire canadien.

« Les différences culturelles posent également problème, explique Mme Samuels-Jones. Approcher quelqu’un sans y être invité et se présenter serait considéré comme impoli par une personne originaire d’Amérique latine et des Caraïbes. Or, cela fait partie intégrante du réseautage ici, et ces étudiantes et étudiants sont donc désavantagés. »

Donner aux chercheuses et chercheurs émergents les moyens de réussir

Le BILX-Lab relève ces défis en apportant un soutien spécialement conçu pour cette population estudiantine. Il s’agit notamment d’ateliers de développement professionnel qui renseignent sur la constitution de réseaux, le processus de mise en candidature à des postes d’enseignement et la participation à des entretiens d’embauche dans le domaine universitaire. D’autres mesures de soutien comprennent un programme de mentorat et un financement de départ pour la recherche, ainsi qu’une revue de recherche dirigée par les étudiantes et étudiants et une conférence internationale organisée par ces dernières et derniers, et à laquelle elles et ils participeront, ce qui leur donnera une expérience pratique de la publication et de la promotion de leurs travaux.

Étudiants aux cycles supérieurs membres du BILX-Lab, CERLAC, Université York, avec la professeure Tameka Samuels-Jones. De gauche à droite : Roshane Miller, études du développement; Tameka Samuels-Jones; Torrence Bennett, affaires et société.

Étudiants aux cycles supérieurs membres du BILX-Lab, CERLAC, Université York, avec la professeure Tameka Samuels-Jones. De gauche à droite : Roshane Miller, études du développement; Tameka Samuels-Jones; Torrence Bennett, affaires et société.

Photo : CERLAC, Université York

« En éliminant les obstacles auxquels sont confrontés ces universitaires historiquement marginalisés, nous ne nous contentons pas de remédier à des injustices historiques, nous façonnons également un avenir plus inclusif et plus novateur pour le monde universitaire canadien », affirme-t-elle.

Ce travail permettra aussi de combler les lacunes de la littérature sur les expériences des immigrantes et immigrants au Canada qui sont noirs, autochtones ou latino-américains. Ces expériences sont distinctes et il est important de les étudier séparément du point de vue canadien, explique-t-elle, car elles impliquent une discrimination fondée sur la race et la nationalité.

Mme Samuels-Jones en sait quelque chose de première main. Seule universitaire noire d’Amérique latine et des Caraïbes à avoir assisté à une conférence sur le droit en 2021, elle a ressenti un fort sentiment d’altérité qui l’a décidée à faire tout ce qui était en son pouvoir pour aider les chercheuses et chercheurs en début de carrière de la région à réussir.

« Si j’ai pu ressentir ce sentiment d’exclusion en tant que professeure, je ne peux qu’imaginer ce qu’il en est pour une chercheuse ou un chercheur en début de carrière », dit-elle.

Tirer parti des premiers succès

Les efforts de Mme Samuels-Jones et de ses collègues font déjà bouger les choses. Les indicateurs suivis par le CERLAC montrent une augmentation de la confiance et de l’engagement universitaire parmi les chercheuses et chercheurs émergents d’Amérique latine et des Caraïbes à l’Université York, une tendance mesurée par des activités telles que la participation à des conférences et la publication de travaux de recherche. Le BILX-Lab a également mis en évidence de nouveaux besoins au sein de la population qu’il soutient, grâce aux premiers commentaires de participantes et participants qui font également partie de la communauté 2ELGBTQIA+ ou qui vivent avec des difficultés d’apprentissage. L’équipe a depuis modifié certains éléments du programme pour s’assurer que ces groupes sont représentés et pris en compte.

L’équipe du BILX-Lab souhaite que ses interventions et ses apprentissages soutiennent sa population cible dans tous les domaines de recherche de l’université. Son modèle de soutien pourrait également permettre à de nouveaux chercheurs et chercheuses issus d’autres régions sous-représentées de s’affirmer, notamment grâce à la collaboration du CERLAC avec l’Institut Harriet Tubman de l’Université York, qui étudie les expériences des personnes originaires d’Afrique et de ses diasporas.

« Le CERLAC est l’élément moteur, mais nous considérons qu’il s’agit d’une initiative et d’un prix à l’échelle de l’Université York, explique-t-elle. Nous avons invité d’autres unités de recherche à se joindre à nous, car elles ont probablement des étudiantes et étudiants originaires de ces régions. Et si ce n’est pas le cas, pourquoi ne pas quand même venir travailler avec nous? »


Vous voulez en savoir plus?

Consultez la page du CERLAC (en anglais) sur le site Web de l’Université York pour en savoir plus sur les travaux de Mme Samuels-Jones et de ses collègues, ou suivez le Centre sur Facebook et X.

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