De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : 2025-04-22 10:00:00 | Date de modification : 2025-04-22 10:00:00
Sarzana Hossain, Chelsea Higgins et Serena Johnson, étudiantes de doctorat à l’University of British Columbia, prélèvent des larves de moustiques dans des bassins rocheux pour les utiliser comme hôtes dans le laboratoire de recherche de Mme King.
Photo: Chelsea Higgins
Lorsque Kayla King était enfant à Nanaimo, en Colombie-Britannique, chaque jour ressemblait à la Journée de la Terre.
« La Colombie-Britannique est un lieu idéal pour s’immerger dans la nature, affirme la chercheuse. De l’enfance à l’adolescence, j’ai fait du camping avec mes parents. Je me rappelle avoir vu des phoques, des aigles et des ours durant nos aventures en famille. J’ai alors acquis une appréciation de la nature qui n’est pas forcément possible sans contacts réguliers avec le monde sauvage. »
Aujourd’hui titulaire de la Chaire d’excellence en recherche du Canada sur la dynamique évolutive des interactions hôte-pathogène, Mme King s’efforce de mieux comprendre comment les agents pathogènes peuvent évoluer rapidement et, en conséquence, nuire à la survie des animaux et à la biodiversité. À l’University of British Columbia, elle dirige le King Lab (en anglais), un pôle de réflexion sur la biodiversité et le changement climatique dans le contexte de l’évolution des maladies infectieuses.
« Nous nous posons la grande question suivante : alors que la planète se réchauffe, la santé de la population mondiale s’aggrave-t-elle? », précise-t-elle.
Voilà une question cruciale posée à un moment crucial. Le changement climatique provoque des températures extrêmement élevées et modifie la distribution des agents pathogènes, tandis que l’activité humaine et la perte de biodiversité qui en découle intensifient les contacts entre les humains et les animaux. Ces facteurs peuvent contribuer à accroître la prévalence des maladies infectieuses.
En laboratoire, Mme King et son équipe effectuent des « expériences d’évolution » de modèles animaux pathogènes et utilisent des techniques de pointe en génomique, en analyse computationnelle et en théorie mathématique pour étudier les changements biologiques à l’échelle mondiale. En 2024, elles ont publié une étude montrant que le réchauffement climatique peut rendre les infections pathogènes plus virulentes. De telles découvertes sont utiles pour la protection de la faune et de la flore et la lutte contre les pandémies futures.
Kayla King
Kayla King a travaillé à l’étranger pendant 17 ans, dont dix ans en tant que professeure à l’University of Oxford, avant de revenir en Colombie-Britannique en 2023. Elle était enchantée à l’idée de revenir à l’University of British Columbia, où elle avait obtenu son diplôme de premier cycle en biologie.
« Cet établissement est l’une des meilleures universités dans mon domaine : la biologie évolutive. Il compte un brillant ensemble de spécialistes des maladies infectieuses, de la biodiversité et du changement climatique, explique-t-elle. Il allait de soi que j’entre dans ses rangs. »
La recherche sur l’évolution des maladies infectieuses s’avère de plus en plus importante depuis la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, le public a une assez bonne idée de la vitesse à laquelle les variants d’un agent pathogène peuvent émerger et se propager. Par sa recherche, Mme King aide à montrer à quoi différents scénarios peuvent ressembler.
La chercheuse et son équipe testent présentement la façon dont les agents pathogènes pourraient évoluer si, en raison du changement climatique, ils étaient transportés plus au nord par des animaux hôtes. Les deux questions suivantes se posent : quels types de variants émergeront? Seront-ils plus virulents ou transmissibles? Mme King cherche la réponse à ces questions notamment en ce qui concerne les agents pathogènes susceptibles de se propager au bétail ou aux humains. En outre, elle s’interroge sur la coévolution des animaux et des agents pathogènes, car ces derniers peuvent évoluer pour mieux infecter leurs animaux hôtes, mais les animaux hôtes peuvent aussi évoluer pour mieux y résister.
« Nous tentons maintenant de mieux comprendre comment le réchauffement climatique peut perturber cette coévolution et potentiellement mettre les animaux en danger », confie Mme King.
La chercheuse s’intéresse également à la perte de biodiversité et à la conservation. Par exemple, lorsqu’une espèce animale est en danger, les biologistes de la conservation peuvent compléter la diversité génétique de la population en introduisant de nouveaux génotypes au sein de cette population. Cependant, ce procédé peut augmenter la densité de la population, ce qui, en retour, augmente les risques de propagation des maladies infectieuses qui passent facilement d’un hôte à l’autre.
Madame King se pose alors une autre question importante : « Compléter la diversité a des effets bénéfiques, mais ceux-ci contrebalancent-ils les risques associés à une densité accrue? »
Kayla King est ravie de l’équipe qu’elle a constituée à l’University of British Columbia pour poursuivre ces pistes de recherche et parvenir à formuler des recommandations en matière de politiques publiques. Le King Lab est un groupe diversifié et interdisciplinaire qui comprend des chercheuses et chercheurs en début de carrière et des scientifiques du Canada et de l’étranger.
« Les personnes qui intègrent mon laboratoire ont des expériences variées : travail sur le terrain, analyse génomique, modélisation mathématique et recherche sur les maladies infectieuses. Cette diversité fait la richesse et la pertinence de notre travail », observe la chercheuse.
Dans le cadre de son travail en tant que titulaire de chaire d’excellence en recherche du Canada, Kayla King entretient également des collaborations en Europe et en Afrique, ainsi que dans toute l’Amérique du Nord. Elle a présenté des exposés lors de conférences dans des dizaines de pays, ce qui témoigne de l’importance mondiale de ces travaux. Elle a reçu une bourse Arthur-B.-McDonald du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et a été élevée au rang de membre du Collège de nouveaux chercheurs et créateurs en art et en science de la Société royale du Canada. Elle est aussi l’une des directrices fondatrices de PrePARE at UBC (en anglais), un groupe de recherche visant à se préparer aux pandémies au moyen de travaux de recherche avancés sur l’évolution.
Pour découvrir les travaux de Kayla King sur les maladies infectieuses dans le contexte du changement climatique, rendez-vous sur le site Web du King Lab (en anglais) ou suivez la chercheuse sur Bluesky.