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Réponse nouvelle à la crise de productivité du Canada – Selon un chercheur financé par le CRSH, la main-d’œuvre détient la solution

Date de publication : 2025-05-06 14:00:00 | Date de modification : 2025-05-06 14:00:00

Selon Akolisa Ufodike, chercheur à l’Université York, investir dans la main-d’œuvre canadienne est la clé de la croissance et de la réussite économiques.

Selon Akolisa Ufodike, chercheur à l’Université York, investir dans la main-d’œuvre canadienne est la clé de la croissance et de la réussite économiques.

Photo : momcilog/iStock

Le taux de productivité stagnant du Canada a récemment poussé la Banque du Canada à déclarer que l’« heure a sonné ». En tant que chef d’entreprise et universitaire renommé, Akolisa Ufodike (en anglais) s’attaque à cette problématique. Ses nouvelles recherches menées à l’Université York et soutenues par le CRSH portent sur les moyens de lutter contre la crise de la productivité au Canada.

« Nous devons être une société plus productive sans quoi nous ne pourrons plus maintenir notre mode de vie », affirme M. Ufodike.

En termes simples, la productivité mesure l’efficacité avec laquelle le travail est transformé en production économique. Lorsqu’une travailleuse ou un travailleur acquiert une nouvelle compétence ou qu’une entreprise investit dans de nouveaux équipements, la production augmente et la productivité s’améliore. À l’échelle nationale, cette plus grande efficacité permet d’accroître la croissance économique et de générer de la richesse.

Monsieur Ufodike puise dans sa vaste expérience pour enrichir ses recherches universitaires. Travaillant dans le milieu universitaire depuis dix ans, il a auparavant occupé pendant 25 ans des postes de direction dans le secteur financier, où il a acquis une expérience professionnelle dans divers domaines, notamment les télécommunications, les banques, le pétrole et le gaz, les services publics et les biens de consommation courante. Il a également occupé pendant près de trois ans le poste de sous-ministre au gouvernement albertain.

En tant que chercheur, il mène des entrevues et des études de cas pour recueillir des données. De plus, ses analyses documentaires s’appuient sur des revues universitaires et spécialisées. En se penchant sur les questions de productivité au Canada, il a constaté l’émergence d’une tendance. Selon lui, les mesures politiques en place pour stimuler la productivité au Canada sont trop axées sur les incitations aux entreprises, comme la réduction des contraintes réglementaires ou l’octroi d’allégements fiscaux.

« Nous disposons de plusieurs leviers, mais nous nous concentrons sur un seul et tirons de plus en plus fort sur lui. Si les incitations aux entreprises ont un rôle à jouer, la croissance de la productivité ne peut être atteinte sans investir dans la main-d’œuvre, en particulier la population immigrante, qui représente une part croissante de la force de travail, explique-t-il. Or, je constate que nous devons réfléchir davantage à la manière d’inciter directement les travailleuses et travailleurs à être plus productifs ».

Cette stratégie, qu’il qualifie d’« approche de l’action pour l’emploi » trouve un écho chez M. Ufodike, tant sur le plan personnel que professionnel.

Lorsque M. Ufodike a quitté le Nigéria dans la vingtaine pour venir s’installer au Canada, il a été impressionné par le sentiment de sécurité économique et les possibilités qu’offrait son pays d’accueil. Il a pu poursuivre des études supérieures, puis se bâtir une carrière impressionnante. Il a depuis remporté de nombreux prix prestigieux, dont la Médaille du couronnement du Roi Charles III en 2025, en reconnaissance de ses contributions remarquables au service public, à la gouvernance et à la diversité au Canada.

Mais aujourd’hui, remarque-t-il, le paysage canadien est différent. La croissance économique a ralenti et, dans le contexte de crise de l’abordabilité, les niveaux d’immigration sont de plus en plus remis en cause, ce qui l’inquiète. Les immigrantes et immigrants restent la principale source de main-d’œuvre nouvelle pour le Canada, qui enregistre un faible taux de natalité. Une mauvaise gestion des niveaux d’immigration pourrait entraîner une stagnation de la croissance pour de nombreuses entreprises et une occasion manquée pour l’économie canadienne.

« Depuis que je suis ici, la société canadienne s’est appauvrie. Nous perdons notre avantage », poursuit le chercheur.

Selon lui, la stratégie du Canada devrait faire en sorte que les immigrantes et immigrants, dont beaucoup occupent des emplois pour lesquels elles et ils sont surqualifiés, puissent devenir pleinement productifs et travailler à leur plein potentiel. Grâce à ses recherches financées par l’Initiative sur la race, le genre et la diversité du CRSH, M. Ufodike veut dresser une liste de recommandations visant la mise en œuvre d’une stratégie de productivité véritablement novatrice qui stimulerait le capital humain du Canada et favoriserait la croissance économique.

Cette stratégie comporterait trois thèmes principaux.

Premièrement, le Canada devrait investir dans le développement du capital humain au moyen de programmes de reconversion, de perfectionnement et de mentorat destinés aux immigrantes et immigrants de même qu’aux jeunes travailleuses et travailleurs.

Deuxièmement, la mobilité professionnelle permettrait de créer des passerelles permettant aux immigrantes et immigrants de se diriger vers des secteurs à forte productivité comme la technologie et la médecine. Le Canada pourrait ainsi mieux tirer parti des compétences d’une main-d’œuvre diversifiée.

Enfin, le Canada devrait mettre en place des mesures solides pour garantir que les immigrantes et immigrants reçoivent un salaire équitable, qui correspond à leurs qualifications. Lorsqu’elles et ils reçoivent une rémunération équivalente à celle de leurs homologues nés au Canada, toute l’économie en bénéficie, affirme M. Ufodike.

Une fois la stratégie finalisée, M. Ufodike prévoit présenter ses travaux à un public plus large en 2026.

« C’est à ce moment-là que j’ai l’intention de donner des conférences », dit-il.

Relever le défi de la productivité profiterait à tout le monde, affirme M. Ufodike, qui explique que l’augmentation du taux de productivité du Canada améliorerait le niveau de vie collectif du pays et contribuerait à financer le filet de sécurité sociale sur lequel compte la population canadienne.


Vous voulez en savoir plus?

Pour en savoir plus sur les travaux de recherche d’Akolisa Ufodike, consultez son profil (en anglais) sur le site de l’Université York et suivez-le sur LinkedIn (en anglais).

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