De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 12:49:19
Les athlètes d'élite savent bien ce que sont les grandes attentes. Leurs entraîneurs, leurs coéquipiers, leurs admirateurs et les journalistes veulent tous les voir réaliser une performance parfaite. Mais une chose est sûre, personne ne le veut plus qu'eux-mêmes.
John Dunn, professeur d'éducation physique et de loisirs à l'University of Alberta, se propose d'étudier le perfectionnisme dans les sports compétitifs. Selon lui, bien que tous les athlètes cherchent la perfection, certains le font de façon saine et d'autres emploient des moyens pouvant nuire à leur santé.
« Des recherches antérieures ont montré que les “perfectionnistes sains” tentent d'atteindre la perfection tandis que les “perfectionnistes malsains” l'exigent. En d'autres mots : alors que le désir de réussir motive les perfectionnistes sains, c'est la peur d'échouer qui pousse les perfectionnistes malsains », explique M. Dunn.
John Dunn et l'un de ses étudiants diplômés ont récemment terminé une étude sur les athlètes universitaires aux États-Unis, grâce à laquelle ils ont découvert que les perfectionnistes malsains ont une faible estime de soi, qu'ils soient hommes ou femmes. Le chercheur attribue ce sentiment au fait que leur confiance en soi est trop étroitement liée à leur identité et à leurs réalisations en tant qu'athlètes.
« L'image que les athlètes ont d'eux-mêmes est liée à leur performance, remarque M. Dunn. Lorsque leurs résultats ne correspondent pas à leurs attentes, ils n'ont pas une bonne opinion d'eux-mêmes, ni en tant qu'athlètes ni en tant que personnes. Malheureusement, c'est ce qui arrive la plupart du temps aux perfectionnistes malsains. »
Inversement, les athlètes qui ont une grande estime de soi sont mieux protégés contre les conséquences de la défaite. Leur confiance en soi n'est pas ébranlée chaque fois qu'ils font une erreur.
Selon John Dunn, qui a travaillé avec des membres de l'équipe nationale féminine de hockey sur gazon et de l'équipe olympique de biathlon, et avec plusieurs athlètes professionnels, bien que les perfectionnistes malsains puissent avoir beaucoup de succès, celui-ci n'est pas gratuit.
« La peur peut être une très grande source de motivation, mais elle finit toujours par nous rattraper, souligne le chercheur. Il est impossible de rester le meilleur longtemps quand l'on ne goûte pas le plaisir de l'expérience. »
Monsieur Dunn espère que sa recherche sur les athlètes de compétition aidera à mettre au point des méthodes pour identifier les athlètes ayant de mauvaises tendances et à formuler des stratégies pour les aider à changer leur façon de voir les choses.
« Il n'est pas forcément mauvais d'avoir de moins grandes attentes, explique M. Dunn. Si les athlètes arrivent à comprendre que leurs erreurs sont inévitables et qu'elles leur donnent l'occasion de se perfectionner, alors leur plaisir et leur sentiment de bien-être augmenteront, ce qui pourra leur permettre d'améliorer leur performance. »
La recherche de John Dunn sur le perfectionnisme dans le sport est financée par le Programme des subventions ordinaires de recherche du CRSH.