De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:32:04
Au Canada, près de trois millions de jeunes âgés de 5 à 19 ans pratiquent régulièrement des sports sous l’œil vigilant de quelques milliers d’entraîneurs avec qui, souvent, ils passent plus de temps qu’avec leur professeur d’éducation physique. Pierre Trudel, professeur à l’Université d’Ottawa et spécialiste en pédagogie sportive, s’est intéressé à la formation de ces bénévoles qui jouent un rôle de premier plan auprès des jeunes sportifs.
La « mission » des entraîneurs ne se limite pas à montrer comment se déplacer avec un ballon ou frapper la rondelle avec précision. La compétition est aussi propice à l’acquisition de valeurs morales, indissociables du sport. « Pensons à l’importance de faire des efforts, de montrer un bon esprit d’équipe ou d’être discipliné », précise Pierre Trudel.
La transmission de ces valeurs ne se fait pas toujours sans heurts. « Certains entraîneurs ont des exigences qui dépassent largement le cadre du sport amateur, explique Pierre Trudel. Par exemple, ils vont parfois demander à des joueurs de continuer à jouer même s’ils sont blessés. Ou encore, au nom de l’esprit d’équipe, ils en inciteront d’autres à se sacrifier et à rester sur le banc parce qu’ils sont moins bons. »
Le problème est que plusieurs entraîneurs sont influencés par le sport professionnel, où l’idée de gagner à tout prix est d’une importance capitale. De plus, ils n’ont pas toujours la formation adéquate ni le soutien nécessaire pour instaurer un milieu de pratique sain et sécuritaire, qui privilégie le développement de la personne plutôt que la victoire. Sans compter les pressions qu’exercent les parents et les organisations sportives pour que leur équipe gagne. « Il ne faut pas oublier, ajoute le chercheur, que les entraîneurs sont des bénévoles, qu’ils ont un travail et des obligations familiales. Nos exigences envers eux doivent être réalistes. »
Comme l’a constaté Pierre Trudel au cours de sa recherche, les entraîneurs bénévoles gagneraient à partager davantage entre eux leurs expériences et connaissances lorsqu’ils doivent régler un problème ou relever un défi. « Imaginez ce qu’ils en retireraient s’ils pouvaient en discuter avec d’autres entraîneurs. On ne pourrait espérer de formation plus efficace. »
La recherche de Pierre Trudel sur la formation des entraîneurs bénévoles a été financée par le Programme des subventions ordinaires de recherche du CRSH.