De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:29:21
Votre enfant ne tient jamais en place, il a de la difficulté à s’organiser, à se concentrer... Il pourrait bien être atteint, comme environ 5 p. 100 de la population d’âge scolaire, d’un trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Si c’est le cas, il est fort probable qu’on vous armera de Ritalin et de quelques conseils pour dompter le caractère de votre diablotin – c’est ce qui est prescrit à des centaines de milliers d’enfants au Canada.
Mais cette façon de faire est peut-être sur le point de changer. Dans le cadre d’un programme de recherche financé par le CRSH, l’équipe d’André Achim, professeur à l’UQAM, teste quatre méthodes d’intervention qui permettraient d’améliorer significativement l’attention et la concentration des enfants atteints d’un TDA/H.
Les deux méthodes les plus prometteuses pour l’instant privilégient l’entraînement intensif de l’attention à l’aide d’exercices à l’ordinateur. Par exemple, le Gymnase de Concentration présente à l’écran un ensemble de lignes aléatoires que l’enfant doit observer, mémoriser puis reproduire avec la souris. Plus l’entraînement avance, à raison de 2 ou 3 séances de 15 minutes par semaine, plus le degré de difficulté augmente.
« Les résultats préliminaires sont très encourageants, estime André Achim. Nous espérons non seulement améliorer la capacité d’attention des enfants, mais aussi les amener à se prendre en main. » Les programmes informatisés possèdent d’autres avantages : en plus de produire des résultats faciles à généraliser, ils sont plus accessibles; on pourrait éventuellement les diffuser par Internet.
Plus intéressant encore, les méthodes testées exploitent la faculté qu’a le cerveau à se réorganiser en fonction des tâches qu’il effectue. Par exemple, plus un violoniste s’entraîne, plus la zone du cerveau qui dirige son auriculaire gauche s’étend, car ce doigt travaille particulièrement fort. On espère arriver à un même résultat avec la zone qui régit la concentration. « On s’est rendu compte que le cerveau était beaucoup plus malléable qu’on ne le croyait, dit le chercheur, et que les enfants peuvent, avec l’entraînement approprié, apprendre à se contrôler. »
Est-ce la fin du Ritalin, ce médicament tant décrié? « Pas encore, indique André Achim. La médication diminue réellement certains comportements perturbateurs et augmente la réceptivité des enfants aux méthodes d’entraînement. » On peut toutefois se réjouir du fait que la petite pilule miracle ne sera plus la seule option pour combattre un TDA/H.
La recherche d’André Achim sur les méthodes d’intervention destinées à améliorer l’attention et la concentration des enfants atteints d’un TDA/H a été financée par le Programme des initiatives de développement de la recherche du CRSH.