De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2006-04-12 15:32:44
En Afrique du Sud, une personne sur dix est séropositive et, chaque jour, 1 500 personnes de plus le deviennent. Voilà pourquoi Claudia Mitchell tente d’empêcher les jeunes Sud-Africains de se lasser de la sempiternelle campagne d’information sur le sida au point d’ignorer les mesures préventives. « Quand j’ai commencé à vouloir faire parler les jeunes des livres ou des émissions d’information sur le sida, ils m’ont dit qu’ils en avaient assez d’en entendre parler, explique Mme Mitchell, professeure à l’Université McGill. Ils sont tellement bombardés d’information à ce sujet qu’ils ont simplement arrêté d’écouter. »
Pendant les trois dernières années, Mme Mitchell et son équipe ont cherché à utiliser la culture des jeunes Sud-Africains – des romans illustrés aux publicités de jeans – afin de les éduquer et de les inciter à se protéger contre le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). « Au départ, nous étudions la façon dont les auteurs et les maisons d’édition tentaient d’attirer l’attention des jeunes, explique la chercheure. Mais nous avons constaté que les jeunes sont à leur tour devenus des producteurs culturels en racontant leurs histoires et leurs expériences par la photographie, le théâtre et les documentaires. »
L’importance des projets créatifs qui appellent une participation directe des jeunes n’est que l’une des nombreuses conclusions qu’a tirées l’équipe de Mme Mitchell, et qui permettront en bout de ligne de sauver des vies dans la lutte contre le VIH et le sida. « Nous sommes également arrivés à la conclusion qu’il était absolument nécessaire de séparer les garçons et les filles pour parler de sida, souligne la chercheure, puisque le message est très différent pour les uns et les autres. Pour les filles, il s’agit de leur apprendre à dire non ou à négocier quand leurs copains abordent le sujet des rapports sexuels. Pour les garçons, il s’agit de les amener à adopter un comportement responsable et à exercer une influence positive sur leurs pairs. »
La plupart des programmes de prévention du VIH/sida s’adressent aux jeunes Noirs qui sont pauvres et habituellement plus susceptibles de contracter la maladie, mais l’équipe de Mme Mitchell estime qu’il est tout aussi important que ces programmes ciblent les jeunes Blancs plus aisés. « Dans un sens, c’est un peu comme si nous vivions à nouveau une sorte d’apartheid à cause de cette vulnérabilité inégale au sida, explique la chercheure. D’un côté, les jeunes Noirs se demandent pourquoi ils prêtent toujours leurs visages aux programmes de prévention du sida. De l’autre, les jeunes Blancs ne se croient pas à risque. Mais que nous soyons blancs, noirs, africains ou nord-américains, cette maladie nous touche tous. C’est pourquoi nous devons tous participer à la solution. »
La recherche de Claudia Mitchell sur la culture des jeunes, la communication et la sexualité en Afrique du Sud est financée par le Programme des subventions ordinaires de recherche du CRSH.