De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2007-02-05 10:47:05
Le lock-out en cours dans la Ligue nationale de hockey (LNH) empêche peut-être les joueurs de pratiquer leur sport, mais il n’empêche certainement pas ce sport de faire la manchette.
À preuve, la récente victoire du Canada au Championnat du monde de hockey junior et l’annonce de la sentence dérisoire de Todd Bertuzzi, le joueur des Canucks de Vancouver qui a gravement blessé Steve Moore, un autre joueur de la LNH, ont fait l’objet d’un généreux traitement médiatique. Pas étonnant, donc, que le hockey – plus précisément la violence qu’il génère – alimente encore les conversations.
« Le hockey fait partie de la vie quotidienne des Canadiens, constate Kevin Young, professeur de sociologie à l’University of Calgary. Le présent conflit dans la LNH est une bonne occasion de réfléchir au sport que nous avons perdu et à celui que nous aimerions retrouver. »
Bien que M. Young ait étudié la violence dans le sport au cours des 20 dernières années, son intérêt pour le « jeu » préféré des Canadiens est relativement nouveau.
« Pour bon nombre de Canadiens, la violence au hockey ne pose pas problème, signale le chercheur. Elle est à ce point bien intégrée qu’ils ne la voient même pas comme quelque chose qu’on pourrait être tentés de critiquer ou de changer. »
En collaboration avec Michael Atkinson, récipiendaire du prix Aurore du CRSH et professeur à la McMaster University, M. Young étudiera la manière dont la violence est réglementée dans le hockey d’élite masculin et féminin au Canada, tant à l’intérieur de la Ligue qu’à l’extérieur. Il examinera également comment la perception de la violence a évolué avec le temps.
« Nous n’essaierons pas de déterminer si la violence au hockey a empiré ou non, explique le chercheur. Nous tenterons de savoir comment la société a réagi à cette violence au fil des ans et ce qu’elle s’est efforcée de faire pour la contrôler. » Et, selon lui, c’est la société qui semble avoir changé, non le sport.
« Les bagarres ne seraient apparemment plus perçues comme des exploits, mais plutôt comme des manifestations de violence, voire des actes criminels, souligne Kevin Young. Ce qui contraste avec les années 50, époque où les médias et le milieu du hockey innocentaient les légendaires batailles de Maurice Richard en les associant à un comportement viril fougueux. Même si certaines personnes continuent d’avoir cette perception, les attitudes ont visiblement changé. »
En réponse au nombre croissant d’incidents liés à la violence dans le sport qui aboutissent devant les tribunaux et à l’inquiétude du public par rapport à l’influence qu’ont les batailles de la LNH sur les jeunes hockeyeurs, les recherches de M. Young porteront un regard critique sur la manière dont le Canada gère la violence au hockey. Elles tenteront aussi de déterminer si les Canadiens devraient ajuster leur attitude en ce qui concerne les blessures sérieuses, et parfois même catastrophiques, qui en résultent.
La recherche de Kevin Young sur la violence au hockey est financée par le Programme des subventions ordinaires de recherche du CRSH.