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La base des valeurs canadiennes – Les fugitifs du chemin de fer clandestin : instigateurs de la lutte pour les droits de la personne

Date de publication : | Date de modification : 2006-04-27 10:25:25

Bien que nous sachions déjà que, pour plus de 30 000 esclaves fugitifs et afro-américains ayant emprunté le chemin de fer clandestin, le Canada représentait la liberté, nous n’avons pas fini de découvrir le rôle que ces réfugiés ont joué dans la formulation des politiques et la formation des valeurs canadiennes.

« Quand j’étais petite, on me racontait l’histoire du chemin de fer clandestin, mais elle s’arrêtait à la frontière du Canada », explique Karolyn Smardz Frost. « Le reste de l’histoire a été largement oublié dans la littérature américaine et canadienne, les médias et les manuels scolaires. »

Archéologue, historienne et chercheure postdoctorale à l’Université York, Mme Smardz Frost compte découvrir l’autre moitié de l’histoire du chemin de fer clandestin. Elle veut savoir ce que venir au Canada signifiait pour les pionniers noirs et comment cette migration a influencé les politiques canadiennes sur la race et l’immigration.

« Le Canada accueille depuis longtemps de nombreux réfugiés, ce qui lui vaut la réputation d’une nation humaine et compatissante, explique la chercheure. La réponse du gouvernement face au chemin de fer clandestin a amorcé la première phase de la formulation d’une politique relative aux réfugiés. »

Au Canada, la première cause type en matière d’extradition a été entendue en 1833. Les défendeurs étaient Thornton et Lucie Blackburn, un couple d’esclaves fugitifs. Afin de leur donner le droit de rester au pays, John Colborne, le lieutenant-gouverneur de l’Ontario qui a défendu ces réfugiés, a refusé de respecter la demande d’extradition des États-Unis. « Aujourd’hui encore, nous ne renvoyons pas les réfugiés dans des pays où ils risquent d’être torturés ou exécutés », souligne Mme Smardz Frost.

La chercheure prend soin d’ajouter que nous ne devons tout de même pas idéaliser notre passé. « Le Canada a accueilli des fugitifs et leur a permis de vivre dans un environnement plus ou moins équitable, mais le racisme existe partout et, ici comme ailleurs, ils ont été aux prises avec ce problème. »

Mme Smardz Frost a dû effectuer un travail méticuleux pour reconstruire les détails de la vie de ces réfugiés souvent analphabètes. Elle n’a retrouvé qu’environ 200 récits détaillés parmi les histoires des quelque 30 000 fugitifs qui sont arrivés au Canada par le chemin de fer clandestin ou par d’autres moyens, sans aide ou presque. « Je veux connaître le reste de ces histoires pour rendre hommage à ces gens et leur assurer une place dans la mémoire de notre nation, et dans l’histoire du Canada d’aujourd’hui », explique la chercheure.

La recherche de Karolyn Smardz Frost sur l’expérience du chemin de fer clandestin du point de vue canadien est financée par le Programme de bourses postdoctorales du CRSH.

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