De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:14:47
Bien que la plupart des Canadiens ne tolèrent pas les manifestations de discrimination à l’égard des femmes et des minorités visibles, bon nombre d’entre eux entretiennent des préjugés envers ces groupes, souvent sans s’en rendre compte.
Professeure de psychologie à l’University of Guelph, Leanne Son Hing étudie l’effet des préjugés implicites (les stéréotypes négatifs que les gens nourrissent généralement sans le savoir) sur la façon dont les Canadiens se comportent les uns envers les autres.
« Au cours des 20 ou 30 dernières années, la discrimination est devenue socialement inacceptable pour la majorité d’entre nous, bien qu’elle ne soit pas chose du passé pour autant », a constaté la chercheure.
À l’aide de questionnaires et de tests par ordinateur, Mme Son Hing et Mark Zanna, son collaborateur de l’University of Waterloo, prennent la mesure des préjugés implicites et des préjugés explicites (les préjugés conscients et délibérément exprimés), et examinent l’incidence de ces deux types de préjugés sur le comportement des gens.
Selon les données recueillies jusqu’à présent, l’équipe conclut que plus de 90 p. 100 des participants de race blanche sont davantage enclins à associer des concepts négatifs – plutôt que positifs – aux minorités visibles, et que plus de 75 p. 100 des hommes tendent à associer l’incompétence – plutôt que la compétence – aux femmes. Fait surprenant, souligne Mme Son Hing, ces préjugés sont souvent observés chez des personnes qui disent ne pas en avoir.
En outre, la chercheure a remarqué que les participants qui se croient équitables mais qui entretiennent des préjugés implicites sont plus susceptibles de juger incompétents les membres des minorités visibles et les femmes, et moins susceptibles d’appuyer les programmes et les initiatives en faveur de ces groupes.
« Les gens n’arrivent pas toujours à maîtriser leurs réactions à l’égard d’autres personnes, explique Mme Son Hing. S’ils ont des préjugés implicites, il y a de fortes chances qu’ils fassent de la discrimination, et ce, même s’ils essaient de contrôler leurs réactions. »
Tous les espoirs sont néanmoins permis. Lorsqu’une personne qui se croit impartiale est confrontée à ses préjugés implicites, elle prend habituellement des mesures immédiates pour se corriger, indique Mme Son Hing. C’est pourquoi la chercheure compte entreprendre un projet de recherche sur l’éventuelle utilité des programmes de conscientisation pour vaincre la discrimination implicite au Canada.
La recherche de Leanne Son Hing sur la discrimination en milieu de travail est financée par le programme des subventions ordinaires de recherche du CRSH.