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Ballon de basket ou livre de maths.. – Les jeunes Noirs sont-ils victimes du succès sportif de leurs aînés?

Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:14:11

Quand l’entraîneur Ken Carter a décidé de garder sur le banc son imbattable équipe de basket-ball jusqu’à ce que ses joueurs obtiennent de meilleurs résultats scolaires, il s’en est suivi tout un tohu-bohu. Cette décision controversée a d’ailleurs inspiré le scénario du film Coach Carter, mettant en vedette Samuel L. Jackson.

Selon Carl James, professeur à la York University, ce qui alimente les critiques au sujet de l’approche surprenante de cet entraîneur, ce sont les préjugés à l’endroit de la race, du sport et de l’éducation. Pourtant, rappelle le chercheur, « les écoles, les entraîneurs, les enseignants, les administrateurs et les parents doivent tous veiller à ce que les jeunes athlètes reçoivent une bonne éducation, explique-t-il. Nous devrions tous nous soucier du rendement scolaire des élèves et pas seulement de leur performance dans les sports ».

Dans son livre intitulé Race in Play: Understanding the Socio-Cultural World of Student Athletes, M. James explique comment les étudiants noirs peuvent être amenés à jouer le rôle d’excellents athlètes et pourquoi nous ne nous attendons pas à les voir exceller en classe. Prenant l’exemple de son fils, il souligne que lorsqu’un entraîneur remarque un élève noir de 9e année en raison de sa taille, il est très probable qu’il veuille le recruter pour jouer dans l’équipe de l’école, même s’il n’a jamais driblé de sa vie.

Croire que les élèves noirs constituent de parfaits candidats pour les équipes sportives scolaires encourage les enseignants et les entraîneurs à aller à l’encontre du désir des parents, et en particulier des parents immigrés, qui aimeraient que leurs enfants se concentrent avant tout sur leurs études.

De tels stéréotypes à caractère racial menacent aussi d’engendrer des tensions chez les étudiants noirs qui n’aiment pas particulièrement le sport. « Ils pourraient avoir l’impression de ne pas répondre aux attentes de leur entourage et penser que c’est peut-être parce qu’ils ne sont pas assez “noirs” », souligne le chercheur.

Selon M. James, bien que les jeunes Noirs, en particulier les garçons, soient incités à faire partie d’une équipe sportive au sein de leur école, leur passion du sport peut toutefois être la clé de la réussite scolaire. Par exemple, les notions de physique liées au basket-ball peuvent s’appliquer aux mathématiques et faciliter l’enseignement des principes de calcul et d’algèbre.

Dans le cadre de la prochaine étape de sa recherche, Carl James étudiera ce qui advient des athlètes noirs canadiens qui réussissent à obtenir une bourse d’études d’une université américaine. « Beaucoup de jeunes, souvent avec l’approbation de leurs enseignants et de leurs entraîneurs, planifient leur avenir en fonction d’une carrière sportive de calibre professionnel. Cependant, les chances d’y arriver sont extrêmement minces », explique le chercheur.

Ce volet des travaux de M. James nous aidera à comprendre si les bourses sportives aident réellement ces athlètes en herbe à joindre les rangs de la NBA.

La recherche de Carl James sur le racisme et l’éducation a été financée par le Programme des alliances de recherche universités-communautés du CRSH et le Projet Metropolis.

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