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Des dames du temps jadis aux femmes d'aujourd'hui – Certaines pratiques obstétriques du XIXe siècle remontent à l'époque médiévale

Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:12:38

Les attitudes face à l’accouchement et à la grossesse changent. De plus en plus de femmes demandent l’aide d’une doula ou d’une sage-femme pour mettre leurs enfants au monde, et de nombreux obstétriciens et gynécologues forment des partenariats avec ces intervenantes pour dispenser des soins à leurs patientes.

« Ces "nouvelles" attitudes sont assimilées, avec raison, au mouvement féministe et à celui des soins de santé holistiques, fait observer
Fiona Harris-Stoertz, historienne affiliée à la Trent University. Mais rares sont les gens qui savent que ces attitudes et pratiques constituaient la norme en Angleterre et en France il y a mille ans. »

La recherche menée par Mme Harris-Stoertz démontre que les « nouvelles » options offertes aujourd’hui aux femmes enceintes s’inspirent en fait des pratiques suivies à l’époque du haut Moyen-Âge (1050 à 1300 apr. J.-C.). C’étaient alors les femmes elles-mêmes, avec l’aide de parentes et d’amies, qui mettaient leurs enfants au monde.

Les femmes ont eu la responsabilité exclusive de tous les aspects de la grossesse et de l’accouchement jusqu’à la fin de la période médiévale, où les médecins, tous des hommes formés dans les universités récemment établies et bénéficiant de l’appui de l’Église et de l’État, leur ont ravi ce contrôle.

« Les méthodes des hommes n’étaient pas plus efficaces, souligne Mme Harris-Stoertz, mais elles sont devenues la norme. Dès lors, les futures mères ont été traitées comme des malades requérant une intervention médicale qui ne pouvait être effectuée que par des hommes. En fait, on peut affirmer que les médecins n’ont été en mesure d’aider véritablement les femmes à accoucher qu’à compter du XXe siècle. »

L’un des principaux défis qui se posent à Mme Harris-Stoertz consiste à déterminer les méthodes périnatales que les femmes utilisaient au
Moyen-Âge. À l’époque, la plupart des femmes étaient analphabètes; il subsiste donc peu de documents écrits, et les seules données médicales qui existent ont depuis été réécrites par des médecins et des hommes d’Église.

Pour trouver des comptes rendus originaux des pratiques obstétriques de l’époque médiévale, la chercheure étudie des documents juridiques, notamment des dépositions qui servaient de preuve d’âge, par exemple des déclarations sous serment dans lesquelles on attestait avoir été témoin de la naissance d’une personne. Les « histoires de miracles  » qui décrivent la naissance d’un saint ou d’une sainte, ou son intervention durant une naissance difficile, constituent aussi une source utile d’information.

« À cause de la complexité et de la diversité des sources, nombreux sont les historiens de la médecine qui ont négligé le Moyen-Âge, conclut-elle. C’est pourtant une période cruciale de l’histoire de l’Occident qui a influencé bon nombre de nos attitudes et pratiques contemporaines. »

La recherche de Fiona Harris-Stoertz sur la grossesse et la naissance au Moyen-Âge est financée par le programme des Subventions ordinaires de recherche du CRSH.

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