De: Conseil de recherches en sciences humaines
Date de publication : | Date de modification : 2008-02-25 13:11:35
Une immense salle bondée d’étudiants en train de passer leur examen final. Parmi eux, vous, qui ne comprenez rien aux questions. Moment de panique. C’est l’échec assuré. L’instant d’après, le cœur battant la chamade, vous êtes… assis dans votre lit. Quel soulagement! Ce n’était qu’un mauvais rêve. Oui, mais toujours le même, qui revient de façon périodique depuis des années.
Certains croient que ces cauchemars qui reviennent sans cesse nous hanter sont causés par les anxiétés que nous vivons pendant la journée. Ces rêves, et le manque de sommeil qui en découle, peuvent avoir une influence sur notre travail, nos relations et notre santé. Toutefois, selon Antonio Zadra, professeur au département de psychologie de l’Université de Montréal, nous pourrions arriver à nous en débarrasser pendant notre sommeil.
Compte tenu que le mauvais rêve récurrent affecte le bien-être psychologique des gens, le chercheur a voulu évaluer quelques techniques susceptibles de le mettre en déroute. Au nombre de ces techniques : le rêve lucide. Dans un tel rêve, le dormeur est pleinement conscient qu’il rêve. Il peut alors, par exemple, décider de se réveiller. Mais il faut plus que cette simple lucidité pour en finir avec le rêve récurrent. « C’est avant tout la capacité de modifier le cours de son histoire qui permet de s’en défaire pour de bon », précise le psychologue.
Il faut d’abord bien se souvenir de ses rêves (trois ou quatre par semaine). « L’important, précise Antonio Zadra, est de se familiariser avec le contenu de ses rêves afin d’être prêt à en modifier des éléments pendant un épisode de lucidité – tenir un journal de ses rêves est une façon d’y arriver. » Au début, ces modifications seront très mineures (changer la couleur d’un mur), mais, progressivement, il sera possible d’introduire de nouveaux personnages, de changer le lieu ou de modifier la fin de façon à transformer le cauchemar annoncé en petite victoire personnelle.
Avec beaucoup de motivation et de persévérance, il est même possible de faire du rêve lucide un outil de créativité. Ainsi, un écrivain pourrait s’amuser à introduire un personnage agressif dans une scène de façon à « voir » le résultat. « Il ne faut toutefois pas être trop exigeant, prévient Antonio Zadra. On ne contrôle jamais entièrement un rêve. » Mais qui sait jusqu’où nos rêves peuvent nous mener?
La recherche d’Antonio Zadra sur le rêve lucide et son utilisation pour un meilleur bien-être a été financée par le Programme des subventions ordinaires du CRSH.
